mercredi 9 octobre 2013

Lecture : Laurent Seksik - Le cas Eduard Eistein - Flammarion





Laurent Seksik a proposé en 2008 une biographie d'Albert Einstein, il publie cette année le cas d' Eduard  Einstein (1910-1965).
L’auteur a, durant ses études médicales, suivit un stage en psychiatrie qui l’a beaucoup marqué.
Il donne la parole à Eduard, le fils oublié, diagnostiqué schizophrène c’est à dire en difficulté pour partager la réalité des autres. Eduard délire souvent mais il est également lucide et très intelligent. Le roman est donc le journal d’un fou. 
Il est aussi le journal du drame vécu par Mileva, la mère, la boiteuse sacrifiée qui a dû affronter seule la maladie de son fils.
Enfin, il  s'interroge sur l'absence d'Albert, sa fuite devant ce fils qui est un problème sans solution alors qu'il a été l'homme de tous les engagements. Eduard détestait son père, on peut donc comprendre que celui-ci soit resté en retrait. Cependant était-ce seulement un retrait ?
Freud était le modèle, l'idole de son fils. Eduard se destinait à la psychanalyse. Dans le même temps, Albert écrivait à Freud,  travaillait avec Freud sur le livre qu'ils ont coécrit : pourquoi la guerre ?
On comprend mal qu'il n'ait jamais parlé de son fils à Freud. Même s'il doutait de l'efficacité de la psychanalyse, il aurait pu favoriser cette rencontre.
Il ne parlait pas non plus de son autre fils "normal" Hans-Albert qui s'entendait dire lorsqu'il donnait son identité  : "Si Einstein avait un fils cela se saurait, comment pouvez-vous affirmer être le fils d’Einstein ?"
 Hans-Albert qui était  un ingénieur, un scientifique qui construisit des ponts appartenait  avec sa femme Frieda à l'église scientiste. Ils laisseront mourir leur fils Klaus atteint de diphtérie sans d'autres soins que la prière qui doit sauver les corps malades. Étonnant !
 Panorama de la médecine et de la psychiatrie et rappel des grands événements de l’époque, le roman est très bien documenté. Laurent Seksik indique ses sources, il ne cherche pas non plus le spectaculaire ou le règlement de compte : déboulonner le génie. Le lecteur se sent ainsi respecté.
Vraiment très intéressant.

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