mardi 22 octobre 2013

Cinéma : Amour spaghetti - la vie d'Adèle






Les spaghetti sont importants dans la vie d'Adèle. C'est par eux qu'elle nous apparaît d'emblée  comme une personne pleine d'énergie et  qui a bon appétit.
"En tout cas, les spaghetti sont délicieux" dit Emma au père d'Adèle qui vient d'émettre des considérations terre à terre sur la nécessité de trouver des débouchés aux études en la félicitant naïvement de l'aide qu'elle apporte à Adèle pour ses cours de philo.
Les parents d' Emma trinquent à l' amour de leur fille, mangent des crustacés et méprisent un peu le projet d'Adèle d'être instit :" au moins vous savez où vous allez".
En tout cas et au moins appartiennent  au pays de la Condescendance qu'Emma aura toujours envers Adèle, plus jeune, et dévouée comme les gens de peu. En effet, pour recevoir les amis artistes, Adèle cuisine les spaghetti qui marque sa filiation, s'affaire, veille à ce que chacun soit servi puis fait la vaisselle. Les autres échangent des considérations profondes sur les peintres (il faut au moins être en quatrième année aux beaux arts) : Klimt est trop fleuri, Egon Schiele est torturé.
Adèle est prisonnière de son désir pour Emma comme le spectateur est prisonnier du visage d'Adèle filmée en gros plan la plupart du temps. Cela marche bien dans la première partie de la rencontre amoureuse et de la plénitude. Jusqu'à la grande scène de sexe :
"Nous avons donc tourné ces scènes comme des tableaux, des sculptures. On a passé beaucoup de temps à les éclairer pour qu’elles soient vraiment belles, après, la chorégraphie de la gestuelle amoureuse se fait toute seule, avec le naturel de la vie"
Je n'ai pas trouvé la scène choquante mais vraiment longue et pour tout dire assez ennuyeuse. Elle ne m'a justement pas paru naturelle, la volonté esthétique est perceptible peut-être un peu trop.  7 minutes c'est vraiment long et assez répétitif quand même. D'ailleurs Emma la note 14, Adèle a encore beaucoup à apprendre.
Quel est l'intérêt ? Peut-être placer cet amour sexuel qu'Adèle éprouve pour Emma au centre le leur relation.
Adèle pour moi ne change pas. Elle vit avec Emma dont elle est follement amoureuse, elle accepte d'être son modèle mais elle ne semble pas comprendre son univers d'artiste: "Ce n'est pas grave, il y a toujours des tensions. Moi aussi j'ai parfois des tensions avec mes collègues" répond-elle de façon désinvolte et triviale  à Emma qui se pose des questions métaphysiques sur l'art.
A tel point que j'ai eu l'impression qu'Emma sautait sur l'occasion de la petite tromperie d'Adèle pour la "dégager" comme si elle attendait de pouvoir entamer une autre histoire d'amour.
Le passage du temps est suggéré, en fait il ne semble pas passer pour Adèle dont l'appétit amoureux reste aussi fort qu'en ses débuts. Après une séparation de 3 ans, Adèle, lors d'une scène de retrouvailles ne semble  penser qu'au sexe.
 "Ce qui m’intéressait c’était de développer un personnage de femme qui voulait transmettre, et qui accomplissait son travail avec passion", raconte Abdellatif Kechiche.
Le problème est que les scènes où l'on voit Adèle exercer son métier succède (dans mon souvenir) à des moments où elle est en manque d'Emma. On la voit avec les enfants mais honnêtement je ne l'ai pas du tout senti passionnée.
 Les problèmes liés à  l'homosexualité sont évoqués assez discrètement et subtilement( la scène -très violente dans la BD- de la colère des parents de Clémentine qui s'appelle Adèle dans le film, a été supprimée). Adèle aurait pu aimer un garçon, il ne s'agit pas d'une attirance sexuelle exclusive mais d'un amour singulier pour une personne.
Par contre, Adèle semble par son choix, peu ambitieux pour Emma, de transmettre aux jeunes enfants, (dans la BD Clémentine est prof dans le secondaire )-  incapable d'accéder à ce milieu artistique qui apparaît pourtant assez vain et limité.
C'est cette dimension sociologique qui me paraît appauvrir Adèle et son histoire d'amour et rendre Emma au final assez peu désirable.
Inutile sans doute d'ajouter qu'il s'agit d'un bon film, que les trois heures passent vite et qu'il fait réfléchir.

Le premier personnage de lesbienne au cinéma est mis en scène par Pabst dans Loulou (interprétée par Louise Brooks) - 1929 - Film allemand, muet.


Loulou se marie avec le père d'Alwa qui est amoureux d'elle et est donc bien malheureux,
 Anna Geschwitz (Alice Roberts) est aussi amoureuse de Loulou,
                                         




Le mari de Loulou, Peter Shön, interrompt la danse - Loulou semble les aimer tous...c'est une femme fatale
 

Anna refuse de danser avec un homme






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